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Méditez ! mais dites, où ?

  • lorainebieler
  • 5 mars
  • 6 min de lecture


Si vous êtes un méditant convaincu, alors cet article ne s’adresse pas à vous, à moins que vous ne vous en serviez pour expliquer à un ami la méditation en 2 minutes, ce qui risque bien de vous arriver un jour ou l’autre.


Oui, aujourd’hui, la méditation sort définitivement des temples bouddhistes, zen ou tibétains pour s’introduire dans toutes les discussions qui ont comme sujet le bien-être, le mieux-être ou le développement de soi. Les labos d’expériences médicales s’en emparent, les entreprises en proposent à leurs employés. Les retraites de méditation en silence sont prises d’assaut dans nos pays occidentaux. Chacun cherche à fleurter avec cette pratique aux effluves orientales et pourtant si proche de chez soi.


Car c’est une des réponses aux désagréments causés par notre quotidien envahi de stimulations multiples, socle d’addictions, producteur de ruminations, d’obsessions, d’anticipations. Qui n’a jamais ouvert sa machine à laver, bipant depuis 10 minutes, avec des écouteurs dans les oreilles, branché sur le dernier podcast en notification ?


On aimerait méditer, on nous conseille de méditer, on se dit que ça serait la solution et pourtant, pas facile d’initier la démarche, ni de savoir à qui s’adresser.


Voici un bref topo sur la méditation, les raisons de s’y mettre et la forme que j’ai adoptée pour accompagner une pratique.


Distinguons grossièrement deux types de méditation dont on entend souvent parler : la méditation de pleine conscience et la méditation spirituelle bouddhiste.


La pleine conscience est une pratique laïque, dépouillée de la partie spirituelle, qui s’inspire des pratiques orientales ancestrales et qui propose essentiellement d’apprendre à focaliser son attention dans le moment présent. Elle se pratique surtout en posture d’assise et tend à se transformer, au fil du temps, en une attitude de présence que l’on peut adopter à chaque instant de notre vie, dans toute activité quotidienne.



Quant à la méditation pratiquée dans les spiritualités orientale, dont le bouddhisme, formulons simplement que c’est de la pleine conscience augmentée d’une dimension d’enseignement spirituel par les maîtres, véhiculant une éthique, des valeurs comme le respect, la bienveillance, la compassion, l’amour inconditionnel pour tout le vivant, la non-violence.


Le but ultime, atteindre l’éveil tel que le Bouddha l’a vécu, motive à faire un chemin d’éveil, c’est-à-dire à intégrer dans sa propre vie, dans son attitude avec soi et les autres, les enseignements de bouddha ou de tout autre maître spirituel.


Comment ça se pratique ?

Généralement, on pratique « en assise ». La posture d’assise est un état d’immobilité silencieuse qui tend à mener l’esprit vers une attention apaisée, à détendre le corps et ouvrir les sens. On prend un engagement, avec soi-même, à rester dans la posture le temps de la méditation, un temps pour soi.


On apprend à fixer son esprit dans la stabilité et à observer les mouvements intérieurs. L’écoute des réactions corporelles associée à l’attention portée sur la respiration permettent de délester peu-à-peu son mental et de se placer en observateur.


Puis il y a souvent une partie dédiée aux qualités de notre cœur, avec l’invitation à mettre en avant les particularités propres, au sens figuré, à cette région de notre corps : accueil, acceptation, bienveillance, compréhension. Ici n’est pas l’espace pour développer toutes les dimensions et qualités liées à notre cœur, cependant les médecines ayurvédique et chinoise soutiennent l’importance et le rôle central de cet organe pour le bon équilibre de notre santé.



Pourquoi méditer ?

A mes yeux, la raison principale de pratiquer l’art de la méditation est qu’elle nous mène peu-à-peu vers un plus grand discernement sur de notre vécu subjectif. Il se développe au fur et à mesure de la pratique de la méditation et c’est un moteur nous permettant de dépasser les multiples contretemps et entraves sur le chemin d’une pratique régulière. Développer notre discernement va nous aider dans tous les domaines de notre vie.


Cette notion complexe de discernement peut se comparer à un muscle à plusieurs faisceaux : la présence, la distance émotionnelle, la contemplation, l’acceptation. Lorsque je parviens à mettre du discernement sur une situation de ma vie quotidienne, tout s’éclaire comme si le brouillard disparaissait et laissait place à un paysage lumineux. D’autre l’appellent des « aha-moments » : l’apparition d’une idée claire, la compréhension soudaine d’une situation de vie, l’opportunité pour une intuition de s’exprimer.


En cela, la méditation développe notre créativité, permet au flux du vivant de se remettre en route et, donc, facilite cette rencontre avec notre nature profonde et ce qui compte vraiment pour soi. On prend conscience de soi comme d’un être unique, entier et non plus morcelé.


Peu à peu, notre vie se rapproche de celle qui est le plus en accord avec qui nous sommes. On la réinvente car on constate un effet bénéfique sur la relation à soi et aux autres.

Dans les livres à grand public, on peut trouver le détail des arguments scientifiquement étudiés qui soutiennent le bienfondé de la démarche de méditation : des effets apaisants/anti-stress sur notre corps et notre mental, des effets sur la cognition (mémoire, concentration…), des effets bénéfiques sur notre santé somatique.


Grâce à l’intérêt croissant de la science pour l’examen du cerveau dans différents états de conscience ou bien chez des méditants ayant de nombreuses heures de méditation à leur compteur, de plus en plus d’études neuroscientifiques confirment que la méditation est un entrainement bénéfique pour la majorité des êtres humains, quel que soit leur état de santé.  Elle stabilise la gestion des émotions, diminue les pensées négatives, l’anxiété due au stress, atténue la sensation de douleur dans de multiples pathologies et tend à améliorer le sommeil.


D’après les recherches cliniques actuelles, les régions du cerveau modifiées par la pratique de la méditation sont l’hippocampe, le cortex insulaire, le cortex cingulaire et le cortex préfrontal. De plus, elle réduit l’activité de l’amygdale, une petite région du cerveau impliquée dans la gestion des émotions, notamment des émotions liées au stress.



Depuis que la science a découvert le phénomène de neuroplasticité, l’hypothèse mise en avant est celle que le cerveau va privilégier les réseaux neuronaux qui sont le plus souvent empruntés. Autrement dit, tout comme l’entrainement sportif favorise le développement de certains muscles, l’entrainement méditatif va renforcer certaines voies neuronales au détriment d’autres. On verra, en neuroimagerie, une meilleure communication entre cerveau gauche et cerceau droit, par exemple.


Remercions, au passage, les chercheurs qui prennent le temps d’étudier les effets de la méditation ou des états de conscience modifiés sur la santé car, sans l’énergie de leur passion, de leurs convictions, ces chercheurs ne pourraient pas parvenir au bout de leur travail.


Tout comme l’étude des effets nocifs des ondes électro-magnétiques non-naturelles ou de la qualité de l’environnement sur la santé, ce sujet intéresse encore insuffisamment le monde scientifique conventionnel pour que les équipes de recherche reçoivent des fonds leur permettant de travailler convenablement.


A quels problèmes cela s’adresse ?

Si vous présentez ce type de problème dans votre vie, alors assurément, la méditation peut vous aider : du stress, un burnout, une dépression, de l’anxiété, des troubles du sommeil, un trouble du déficit de l’attention ou de l’hyperactivité (TDAH), des conséquences d’un dérèglement neuro-végétatif, un trouble de la sphère cardio-vasculaire, une addiction.


La pratique telle que je la propose

Chaque séance débute par un réveil corporel à l’aide du mouvement et de la respiration et orienté sur les centres énergétiques principaux de notre corps.

Le souffle nous reconduit simplement vers le cycle du monde vivant, entre tension et relâchement et vient nous apporter de l’énergie jusqu’au tréfond de nos cellules.


Dire que nous passons, la plupart de notre journée, non-conscients de notre respiration, la laissant se faire automatiquement ! Alors bien souvent, on se surprend en apnée ou le souffle court, le ventre tendu, ce qui bloque l’expansion de nos poumons et l’utilisation de leur plein potentiel. Prendre le temps de bien respirer, ouvrir ses poumons et la région de son cœur permet ensuite une plus grande détente lors de l’assise.


Dans un deuxième temps, en position d’assise, l’attention est dirigée et fixée afin de calmer le mental. Puis enfin, dans un troisième temps, une fois que l’attention se présente comme ouverte et disponible, on l’entraîne vers un thème précis, qui diffère de séance en séance.


Les thèmes abordés peuvent concerner, par exemple, nos émotions et leurs manifestations physiques, les relations, notre environnement de vie, la nature, nos habitudes quotidiennes ou encore le développement de notre intuition. On espère ainsi profiter de cet espace en soi, vaste, sage, profond pour envisager ce thème avec l’éclairage que cet état de conscience peut induire.

J’ai vu, au cours de ma pratique, beaucoup de personnes transformer leur vie vers un équilibre nouveau à partir du moment où elles s’étaient mises à méditer. Car, en plus d’être accessible à tous et de pouvoir se pratiquer à son propre rythme, c’est une pratique qui développe un lien sincère et authentique avec soi.


Pour approfondir

● La méditation, c’est bon pour le cerveau, Dr Steven Laureys, 2019, Odile Jacob

● Méditer, jour après jour, Christophe André, 2023, Collection Proche

● Apprentissage de la méditation, Sharon Salzberg, 2013, Belfond

● Écouter le silence intérieur, Thierry Janssen, 2018, L’Iconoclaste

● Le miracle de la Pleine conscience, Thich Nhat Hanh, 1994, L’Espace Bleu


 
 
 

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